La culture philanthropique au Québec (suite)
En janvier, je m’interrogeais sur l’état de la culture philanthropique au Québec. Selon tous les indicateurs, les Québécois donnent moins aux organismes de bienfaisance. La moyenne du Québec n’atteint pas la moitié de la moyenne canadienne. L’écart, d’ailleurs énorme, entre les Québécois et les autres Canadiens peut toutefois s’expliquer. Ne concluons pas trop vite que les Québécois sont moins généreux ou plus insensibles aux besoins de ceux et celles que les organismes de bienfaisance cherchent à soutenir.
Il faut d’abord garder à l’esprit que les Québécois se sont donné un État providence pendant les années 1960. Dans la foulée de la Révolution tranquille, l’État s’est vu confier le rôle d’agir comme locomotive du progrès social et la responsabilité de solutionner les problèmes de toutes sortes (accès aux études supérieures, inégalités entre les genres, handicaps physiques et mentaux, santé, etc.). Les Québécois, au cours des 50 dernières années, ont choisi des gouvernements qui préconisent une prise en charge par l’État des multiples problématiques de la société. Les Québécois se montrent par conséquent généreux et solidaires en acceptant de payer plus de taxes et d’impôts pour financer les besoins des moins nantis et des moins chanceux.
Il faut aussi mentionner que c’est en partie parce qu’ils disposent d’un revenu disponible moins grand que les Québécois donnent moins que les autres Canadiens aux organismes de bienfaisance. Il en reste moins dans les poches des Québécois, une fois soustraits les impôts, taxes et autres charges. Précisons que l’écart entre Québécois et autres Canadiens au plan du don moyen demeure néanmoins beaucoup plus grand que celui du revenu disponible.
Il faut aussi se méfier des statistiques. Près de la moitié (40%) des dons effectués au Canada sont dirigés vers des organisations religieuses. Cette proportion est beaucoup moins importante au Québec (comme chacun sait, la plupart des Québécois, en particulier les francophones, ont choisi de tourner le dos à la religion catholique il y a un demi-siècle). Par conséquent, si nous enlevons du calcul tous les dons à la religion, l’écart entre le don moyen québécois et celui du Canada est diminué de façon significative.
Je suis plutôt optimiste quant à l’avenir. Le fait que le don moyen au Québec se situe à 208$ (comparativement à 446$ au Canada) montre qu’il existe un potentiel inexploité chez nous. Dans une perspective de marketing, il existe un potentiel de croissance énorme au Québec. Il en revient aux organismes caritatifs de bien saisir la psyché québécoise, de comprendre les motivations profondes des donateurs d’ici et de changer leurs comportements philanthropiques.
Daniel Lapointe
29 février 2016