Par Daniel Lapointe

Coups durs dans le secteur de la philanthropie

Les temps sont durs pour le secteur philanthropique au Québec. Tout le progrès accompli en matière de professionnalisation semble aujourd’hui remis en question.

La récente décision de l’Université de Montréal d’abolir son certificat en gestion philanthropique privera les organismes de bienfaisance d’innombrables employés et bénévoles ayant acquis un savoir-faire philanthropique. Le certificat outillait les leaders d’organismes en leur fournissant des compétences et des savoirs variés, notamment en matière de stratégies de développement, d’organisation d’événements-bénéfice, de sollicitation de dons majeurs et de gestion des bénévoles. Ce savoir-faire, il faudra dorénavant l’apprendre ailleurs.

À la suite du retrait de l’Université de Montréal, les associations professionnelles seraient normalement appelées à prendre la relève. Malheureusement, il n’en reste qu’une seule au Québec, à savoir l’AFP-Québec (Association of Fundraising Professionals). L’APGP (Association des professionnels en gestion philanthropique) a cessé ses activités il y a quelques années et Sancio, l’association des fondations du secteur de la santé et des services sociaux auparavant nommée AFESAQ, a récemment suspendu ses activités et pourrait fermer officiellement ses portes sous peu. Notons que l’Association canadienne des professionnels en dons planifiés occupe un créneau très spécialisé et n’offre qu’une partie de la formation dont les leaders d’organismes ont besoin.

Les employés et les bénévoles à la recherche de perfectionnement professionnel ont maintenant moins d’options qu’avant. La performance du secteur philanthropique s’en trouve grandement affectée.

Souhaitons que les fondations philanthropiques privées prennent la relève afin de favoriser l’accroissement d’occasions de développement pratique au service des artisans du secteur philanthropique. Les « think tanks » associés au milieu universitaire mènent une réflexion sociologique bienvenue sur la philanthropie, mais cela n’aide pas les leaders des organismes à la recherche d’outils pratiques pour concevoir et mettre en œuvre les activités philanthropiques.

L’heure est grave, tout le progrès accompli au cours des 10 dernières années est en péril. Il faut trouver les solutions qui permettront de surmonter les nouveaux défis engendrés par la perte de joueurs importants dans l’écosystème philanthropique.

Daniel Lapointe
19 août 2023