Par Daniel Lapointe

Coca Cola finance Diabète Québec: et alors?

L’octroi par Coca Cola à Diabète Québec d’un soutien financier d’une valeur d’environ 150,000$ a récemment suscité un malaise chez plusieurs observateurs. Je ne vois pourtant pas quel est le problème.

Les revenus annuels de Diabète Québec s’élèvent à 3.5 millions de dollars. La contribution de Coca Cola, en supposant qu’elle a été versée d’un coup, représente donc moins de 5% des revenus totaux annuels de l’organisme. Pouvons-nous vraiment croire qu’avec un financement semblable, Coca Cola est en mesure de dicter les prises de position de l’organisme?

Selon certaines personnes, ce soutien financier pose un problème éthique. Comment Diabète Québec peut-il accepter du financement d’une entreprise qui vend des produits qui contribuent à aggraver la maladie qu’il cherche à éradiquer?  Les gouvernements envisagent pourtant augmenter les taxes sur certains produits, comme les boissons gazeuses, qui ont une incidence sur la santé de la population et, par conséquent, sur les dépenses de ses ministères. Pourquoi serait-il, d’une part, normal pour une entreprise de payer des taxes plus élevées pour compenser le coût des problèmes engendrés par ses produits et, d’autre part, anormal pour la même entreprise de soutenir financièrement une organisation dont la mission consiste à aider directement les « victimes » de ces mêmes produits?

Les organismes caritatifs ont besoin d’argent pour mener à bien leurs activités de bienfaisance. Ils doivent composer avec une réduction du financement gouvernemental et faire preuve d’innovation pour trouver de nouvelles sources de revenus. Pourquoi devraient-ils refuser l’argent des entreprises qui gravitent dans un marché lié à leur cause?  C’est vrai que ces entreprises cherchent à redorer leur image par leur soutien financier. Et alors?

Je connais peu Diabète Québec, notamment parce que l’organisation ne fait pas preuve d’une transparence exemplaire (je n’ai pas réussi à trouver sur leur site web leurs états financiers, leurs politiques de gouvernance, etc.). Mon propos est toutefois universel et déborde largement le cas précis de Diabète Québec.  Je connais des organismes de bienfaisance avant-gardistes qui se sont donné des politiques et des processus visant à baliser leurs partenariats avec les entreprises privées.  En agissant ainsi, ils réussissent à accroître leurs sources de revenus tout en évitant les abus d’influence et en maintenant leur crédibilité aux yeux de leurs parties prenantes.  J’encourage les organismes à s’inspirer de ces pratiques plutôt que de refuser du financement qui a le potentiel de les aider à mieux accomplir leur mission.

Daniel Lapointe

23 avril 2016