Le marché québécois de la philanthropie est-il saturé?
Le marché québécois de la philanthropie est-il saturé? Selon certains, il y aurait trop d’organismes cherchant à recueillir des fonds et les donateurs du Québec seraient sur-sollicités.
Je ne vois pas les choses de cette façon.
Je propose d’emprunter une perspective d’affaires, comme le ferait une entreprise privée voulant accroître ses parts de marché. Les Québécois donnent beaucoup moins que les autres Canadiens aux organismes de bienfaisance. Le don annuel moyen des Québécois se situe en queue de peloton à 208$ alors que celui de l’ensemble des Canadiens s’élève à 446$. Il existe donc au Québec un grand potentiel à exploiter.
La philanthropie ne se limite pas à des dons provenant de grands mécènes et du milieu corporatif. Au Québec, les campagnes de collecte de fonds ont traditionnellement visé le milieu corporatif, plus particulièrement les grandes entreprises. Il est grand temps de se concentrer davantage sur les individus, de bâtir des relations avec eux, d’être à l’écoute de leurs attentes et de leurs priorités, et de leur proposer des engagements sur plusieurs années, qui peuvent notamment prendre la forme de dons intermédiaires, de dons majeurs et de dons planifiés. Il existe au Québec un grand nombre de professionnels et de gens d’affaires qui, sans avoir la capacité des grands mécènes, sont tout de même en mesure d’aller au-delà de l’achat de quelques billets pour un événement-bénéfice. Offrons-nous présentement à ces personnes l’occasion de véritablement investir (et s’investir) dans nos causes?
Il faut de plus changer notre mentalité. Les gestionnaires philanthropiques et les leaders d’organismes de bienfaisance doivent cesser de se percevoir comme des « quêteux ». Lorsqu’ils abordent des donateurs potentiels, ils doivent le faire avec fierté. Ils doivent se définir comme des entrepreneurs sociaux qui s’investissent pour une cause qui leur tient à cœur et qui cherchent à donner aux autres l’occasion d’investir et de s’investir à leur tour. L’émergence d’une véritable culture philanthropique au Québec passe forcément par un changement de mentalité à l’égard de la sollicitation.
À mon avis, le marché philanthropique québécois n’est pas saturé. Il regorge de potentiel pour ceux et celles qui sauront comment l’aborder.
Daniel Lapointe
31 janvier 2017